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Stéphane BERN

je me réjouis sincèrement de la création d’une association des AMIS D’ALAIN DECAUX car, pour beaucoup d’entre nous, nous le considérons comme le plus illustre de nos devanciers, celui qui avec sa faconde, son talent de conteur, a su faire aimer l’Histoire à plusieurs générations de Français.

Sans jamais vulgariser l’Histoire, il a su la populariser, la rendre accessible au plus grand nombre et ses récits, à la télévision, ou dans ses livres réussissaient à captiver petits et grands. Régulièrement, à chaque sortie d’un de ses livres, il était mon invité à la radio et malgré l’amitié et l’estime qu’il me témoignait, je l’écoutais religieusement, fasciné par la précision des faits et des moindres détails, mais plus encore par la passion qu’il mettait à partager ses connaissances.

Nous nous sommes souvent revus par la suite, notamment lorsque je présentais le festival des feux d’artifice de Chantilly, magnifique domaine du duc d’Aumale dont il avait la charge au titre de l’Institut de France.

Mais il me revient une anecdote savoureuse qui remonte à l’année 1989 lorsque nous accompagnions le président de la République François Mitterrand aux funérailles de l’empereur du Japon, Hiro-Hito, lui comme Ministre en charge de la Francophonie, moi comme chroniqueur royal au Figaro. A l’escale de Novosibirsk, en pleine nuit sibérienne, il nous faut descendre du Concorde pour honorer les hôtes russes qui nous ont préparé une réception. Comme le président dort à l’avant de l’appareil, il faut descendre par la sortie de secours aménagée sur l’aile arrière, en y agrafant un tapis rouge. Scène cocasse qui fera les belles pages de son livre de souvenirs de Ministre, « Tapis rouge ». Alors qu’on nous sert des mets sans gout ni saveur, avec la verve qui caractérise Alain Decaux, il improvise un discours de remerciement tout en veillant du coin de l’oeil à ce que je finisse mon assiette. « Mangez cher Stéphane, nous n’avons pas le choix sinon nous allons vexer nos hôtes ».Comme nous avons ri ensuite de cette situation !

Assurément, Alain Decaux avait le sens de l’Histoire, de son ironie et des farces qu’elle s’amuse à jouer aux pauvres hommes que nous sommes.